Page Facebook “Soutien au bijoutier de Nice”, l’arnaque ?

Le bad buzz du week-end dernier avait un goût amer dans la bouche de nombreuses personnes.

En effet, à la suite de la création d’une page Facebook prenant partie pour le bijoutier (en rapport avec le fait divers autour du braquage niçois d’une bijouterie et du braqueur tué par le commerçant), cette page pourrait être un fake !

Retour sur ce bad buzz encore en cours.

J’ai mis à jour cet article ce jour du 3 octobre pour rajouter deux liens plus actuels donnant beaucoup de crédit à une manœuvre politique réalisée par Kristel de France et la Démocratie Nationale.

Voir en bas de page.

Plusieurs millions de soutiens et quelques jours

Rapidement après son décollage numérique, cette page a été surveillée par tous les community managers tant son engouement auprès du grand public était impressionnant.

Note : je ne juge pas les fans de cette page qui ont un avis sur la question et sur ce drame.

J’ai, moi-aussi, mes raisons et mes vérités mais elles ne regardent que moi et les miens.

D’un point de vue professionnel, il s’agissait de comprendre comment la machine à likes avait fonctionné.

Des relais presse de Nice Matin en pagaille (avec le même titre), de nombreux internautes qui discutent et s’offusquent, beaucoup de battage à chaque barre de XXX fans passée… Pas de quoi casser trois pattes à un canard, même boiteux.

Et pourtant, le raz de marée arrive, indépendamment de l’avancée du procès.

Comment expliquer ce buzz ?

Achat de fans…

Selon Guilhem Fouetillou, professeur reconnu à Sciences Po, l’investissement autour de l’affaire du braquage demeure improbable et le nombre de fans trop élevé pour un évènement de cet acabit.

Arrivent les chiffres de SocialBakers et les contacts tombent : 80% des likes (945.000) du groupe de soutien au bijoutier viendraient de l’étranger.

Soutien au bijoutier de Nice arnaque

S’en suit un combat de titan pour dénoncer cet abus et cette escroquerie, l’information est relayée sur Presse Citron et bien d’autres médias.

On nous aurait menti…

Ou pas !

Bizarrement, la contre expertise de Thomas Guenoux (KRDS) ne fait pas de bruits, et pourtant.

Dans une argumentation sans faille avec test à la clé via la Graph API, il explique que les données SocialBakers sont mal affichées et non mises à jour.

Cette constatation entraine une nouvelle vérité : 96% des fans sont français.

Soutien au bijoutier de Nice fake

Qui a tort, qui a raison ? On attend l’annonce officielle de Facebook France mais on peut s’interroger. Qui est à l’origine de cette page Facebook ? En quoi peut-elle ressembler à une arnaque ?

HOAX et affect

Cette histoire me fait bizarrement penser à ces spams qu’on reçoit souvent.

Un ami est bloqué à l’étranger et demande notre aide financière pour rentrer au pays, un malade a besoin d’un don pour défendre sa cause, un étranger décédé me lègue une importante somme d’argent pour m’aider à défendre la veuve et l’orphelin…

Toutes ces légendes virtuelles ont un dénominateur commun : l’affect.

Quand vous voulez obtenir quelque chose de quelqu’un, vous pouvez utiliser son intelligence pour le persuader que c’est la bonne solution ou vous pouvez recourir à sa faiblesse, son humanité.

Au lieu de vous attaquer au rationnel, vous visez l’émotionnel, la sensibilité, le subjectif, l’humain. Les résultats sont inimaginables et bien souvent utilisés par de mauvaises personnes.

Voilà pourquoi tous ces spams fonctionnent encore, parce que, derrière chaque écran, il y a quelqu’un qui pense mais surtout ressent.

Affect

Une page sensible

Là où je veux en venir, c’est que ce fait divers défraye la chronique. Un commerçant protège sa bijouterie contre un braqueur, rien d’anormal hormis le tir dans le dos du malfrat.

Le slogan de la page Facebook ne dénonce ni une injustice ni un scandale, il touche votre affect.

Soutenons ce bijoutier qui ne faisait que son travail.

Sous cette phrase apparemment anodine, vous ciblez tout le monde (les travailleurs) et, surtout, ceux qui n’ont que leur travail comme gagne pain et qui triment.

Non, je ne fais pas de jugement ou je n’extrapole pas, cette phrase si puérile demande expressément un soutien à tous ceux qui ont un job et ceux qui en bavent.

On peut aller plus loin en se disant aussi que ces petites gens qui bossent jusqu’à plus faim ne suivent ni les journaux ni l’actualité ou très peu et que, du moment où la page a suffisamment de J’aime, cette source d’informations devient crédible et prend le pas sur la réalité (ou les mensonges) des médias.

Je ne dénonce ni son auteur ni sa communauté, je m’interroge seulement sur la crédibilité d’une « source » et sa valeur quand l’auteur est inconnu et anonyme (ou plus proche du relais automatique d’articles NiceMatin).

Finalité de la page

L’autre question qui me vient à l’esprit est celle de la suite. Après le procès, le jugement, l’affaire, quand tout retombera, cette page servira à quoi ?

Si j’étais mal intentionné et adepte de buzz en tout genre, je monterais des sites et des communautés à chaque affaire sensible. Je mettrais ensuite en place le cercle vicieux de l’affect mentionné précédemment puis je récolterais les fruits de mon habileté à noyer la masse : un flot de visiteurs qualifiés et obéissants, des fans propageant mes informations à grand coup de viralité, de la promotion parfaite sans débourser un cent…

Mon site prendrait de l’essor et mes réseaux sociaux seraient boostés : à chaque nouvelle publication, je suis certain de faire mouche.

Dès lors, rien de plus facile à faire que de convertir cela en monnaie sonnante et trébuchante.

Monétisation de site avec publicités, affiliations ou articles sponsorisés, réseaux sociaux relayant mes autres réseaux ou développant leur côté viral, il y a mille et une manière de tirer partie de cette affaire.

Pour cette page Facebook du bijoutier, la plus crédible reste selon moi la technique du caméléon. Quand tout est retombé, on modifie la page pour la faire correspondre avec sa page centrale, celle de son activité ou de son prochain buzz. On demande à Facebook une fusion en se débrouillant pour ne plus avoir de traçabilité de la page de soutien au commerçant.

Et voilà, le tour est joué. On possède alors une page ayant 1+ million de fans… La technique du concours en plus mieux quoi.

[NDLR : on me signale dans l’oreillette, merci Xavier S, qu’il n’est pas possible de fusionner à partir d’un tel montant de fans. Ok ;) ]

Plus mesquin encore, ce serait de vendre ses fans à un client léger sur l’éthique. Vu qu’un fan vaut quelque chose comme 170$, cela peut vite être rentable.

La question à se poser est de savoir à qui profite le crime la page, au bijoutier niçois ? A sa famille ? J’ai de sérieux doutes.

Chat baille

Soutien au bijoutier de Nice

Pour ma part, je n’aime ni prendre partie sur Facebook ni montrer à tout le monde mes orientations. Ce qui est du domaine du privé reste hors ligne, surtout quand on se risque sur des pentes savonneuses comme dans cette affaire.

Prendre du recul et rester objectif me semble être préférable.

Après, prudence ou lâcheté, à vous de voir mais, dans tous les cas, je ne suis pas cette page et préfère chercher la vérité ailleurs.

Keep calm Niçois

Pour continuer la lecture :

  • http://sebmusset.blogspot.fr/2013/09/facebook-bijoutier-nice-intox.html
  • http://feed.krds.fr/post/61295117159/la-realite-sur-les-likes-de-la-page-soutien-au
  • http://www.socialbakers.com/facebook-pages/510248039060920-soutien-au-bijoutier-de-nice
  • http://www.maitre-eolas.fr/post/2013/09/15/L-affaire-du-bijoutier-de-Nice

Édition du 03 octobre 2013 :

On constate toujours une augmentation du nombre de fans, dénoncée par Hoaxbuster comme un comportement puéril et inconscient.

  • http://www.hoaxbuster.com/hoaxliste/mille-millions-de-bijoux-de-famille

Cependant, la palme de l’horreur revient à Vincent Denise chez Guy Birenbaum.

Après une analyse minutieuse des comptes ayant liké la page en premier, Vincent révèle le pot aux roses.

L’affaire du bijoutier niçois serait une vaste une opération politique menée par des personnalités bien orientées.

  • http://guybirenbaum.com/2013/09/16/qui-a-like-la-page-du-bijoutier/

Les réseaux sociaux sont donc désormais instrumentalisés avec brio pour la classe politique ?