L’information se perd sur le web

J’avertissais récemment, sous couvert de sauce piquante, à un blogueur pourquoi il n’était bon pour lui ni d’oublier de citer ses sources ni de modifier certaines infographies qu’il publiait.

Ce dont je me rends compte, c’est qu’une grande partie des rédacteurs ne citent jamais les sources des contenus qu’ils publient ou citent la source où ils ont récupérés l’information.

Alors, si tu es venu parce que tu as reconnu l’image à la une et que tu pensais qu’on allait parler de Counter Strike, passe ton chemin. Par contre, si  tu veux qu’on discute de source tu peux rester. Et pour ceux qui n’ont pas compris, cette image est tirée du jeu Counter Strike Source, référence geek bien entendu.

L’information se perd dans la spirale des comportements égocentriques

Quand tu racontes un proverbe, tu sais qui l’a dit le premier ou à qui on l’attribue. Quand tu rédiges un mémoire sur un thème particulier, tu as tendance à citer tes sources, sauf si tu veux faire dans la politique.

En bref, tu bâtis ton travail sur ceux des autres et, comme tu te sers de leurs expériences passées, tu les inclus dans ton laïus pour donner plus de poids à ta création. Ce n’est pas être scolaire que de citer les sources, c’est faire remarquer que tu n’as pas tout inventé et que tu as identifié la source de ton information. Cela peut te permettre d’ailleurs de te dédouaner, tu ne fais que diffuser un contenu qui ne t’appartient pas et dont tu ne cautionnes par forcément tout.

Cependant, le web prouve que peu de personnes tiennent ce raisonnement.

  • A quoi bon divulguer une source dont tout le monde se fiche ?
  • A quoi bon faire un lien vers un autre site, au risque de lui donner plus de crédit que le mien ?

A l’heure du tout numérique, on veut avoir son contenu sur le web et que tout le monde vienne sur son site / blog / Tumblr donc il faut proposer une information récente et, surtout, unique.

Alors forcément, indiquer la source d’une information, c’est reconnaître qu’on est juste un relais de l’information… Et pourtant, c’est ce qu’on est tous, moi le premier.

On ne cite pas la source

Je prends comme exemple l’infographie. Tu en vois partout sur le web et pour cause, c’est pratique et esthétique pour diffuser de l’information ennuyeuse. Mais, vois-tu souvent un lien vers la source de l’information ?

Bien entendu, la plupart des rédacteurs te diront qu’ils ne masquent pas les informations de copyright. Cependant, ils ne respectent pas les conditions de diffusion demandées par les auteurs.

Exemple 1 :

  • diffusion d’une infographie sur le Tumblr EnUneSeuleImage http://enuneseuleimage.tumblr.com/#12834937470 sans citation de la source ni lien vers ladite source ;
  • source de l’infographie CreditDonkey http://www.creditdonkey.com/freelance.html lequel demande, par le biais d’un embed code, en gros, un code d’intégration, un lien vers son site.

Allons plus loin. CreditDonkey publie son infographie avec une licence Creative Commons 3.0. On peut lire, dans l’intitulé Attribution  de cette licence :

Vous devez attribuer l’œuvre de la manière indiquée par l’auteur de l’œuvre ou le titulaire des droits (mais pas d’une manière qui suggérerait qu’ils vous soutiennent ou approuvent votre utilisation de l’œuvre).

CreditDonkey indique les conditions de diffusion et demande d’effectuer un simple copier-coller du code d’intégration pour faire apparaître et l’infographie et l’auteur et le site source. Cela veut dire que l’image que tu affiches chez toi reste hébergée sur le site CreditDonkey et que tu ajoutes un lien direct et optimisé par CreditDonkey vers son site.

Mais, au final, combien l’ont fait ? Et toi, EnUneSeuleImage, as-tu compris de quoi je parlais sur Twitter ?

On cite une source erronée

Le mieux est de vouloir bien faire et, au final, arriver à un résultat totalement aux antipodes de l’intention.

Quand on cite une source, on ne cite pas la source chez qui on a vu l’information mais l’instigateur du contenu, celui qui l’a réalisé et qui en est à l’origine.

Si j’ai lu chez Xavi que Peyo a réalisé et publié une infographie, la source du contenu est bien Peyo. Mais, si j’indique Xavi, je ne permets pas de remonter facilement à la source de l’information et, donc, cette information perd en qualité et en véracité.

Exemple 2 :

  • diffusion d’une infographie chez Vincent Abry http://www.vincentabry.com/recherche-google-trucs-et-astuces-a-retenir-infographie-14315 avec un lien via vers le site Mashable ;
  • article chez Mashable qui cite la source, ici, HackCollege.

Si tu lis en diagonale, tu comprends que la source de l’infographie est Mashable. En l’occurrence, ce site pourrait être la source de l’information. Or, il n’en est rien et Mashable cite sa source en la gratifiant d’un backlink.

Je passe sur l’intérêt proche de 0 de faire un backlink avec l’ancre via mais, au final, on ne cite qu’une plateforme où on a lu / vu l’information, d’où probablement le mot de liaison via. Mais, quel est l’intérêt de citer un intermédiaire ? Plus exactement, où est l’intérêt de citer l’intermédiaire quand on ne cite pas la source à l’origine de l’information ?

Mais, il lui arrive aussi à Vincent Abry de ne pas citer ses sources, comme ici http://www.vincentabry.com/google-nous-ramollit-le-cerveau-infographie-14373.

Chacun flatte son égo

Moi le premier, je ne respecte pas à 100% les conditions de diffusion.

  • j’indique clairement la source de mes contenus et j’ajoute un lien vers ladite source, pas vers le site principal mais vers la page où j’ai récupéré l’information ;
  • j’héberge les infographies sur mon serveur pour ne pas utiliser la bande passante du voisin c’est-à-dire squatter les possibilités de son hébergement web.

Donc, hormis 2 entorses, je respecte les souhaits des auteurs en les citant et en divulguant leur contenu. Ils peuvent tracer l’information et savoir que je diffuse leur information.

Par contre, j’évite :

  • de me prendre pour la source de l’information ;
  • de citer mes sources ou les intermédiaires avec une ancre mal optimisée.

Certes, j’ai un avantage par rapport à ceux dont je parle, je fais mon blog a la mano. Les deux plateformes citées dans mes exemples semblent être très populaires mais elles sont tout ou en partie automatisées.

Du contenu automatiquement généré

Quand on connait les sites populaires (Mashable) et les outils de diffusion automatiques (IfTTT), on peut alors faire un blog ou Tumblr sans publier soi-même le contenu.

La tâche se découpe en 4 parties pour les plus aguerris :

  1. tu repères les influenceurs, leurs sites / blogs et tu enregistres leur flux RSS ;
  2. tu configures ton outil de publication automatique pour qu’à chaque nouvelle entrée du flux RSS (ie nouvel article sur le site / blog de l’influenceur), il récupère le contenu et le publie sur ta plateforme ;
  3. si tu es un peu pointilleux, tu ajoutes un lien vers la source de l’information.
  4. il arrive que tu ajoutes une plus value, un petit laïus personnel pour montrer que tu maîtrises l’information.

Le Tumblr EnUneSeuleImage respecte les 2 premiers points et publie automatiquement une infographie avec un titre sans rien ajouter de plus, ni contenu textuel ni lien vers la source. Vincent Abry respecte les 4 points mais pèche un peu sur le lien vers la source quand même.

Au final, tu as une plateforme qui diffuse de l’information automatique sans y montrer un intérêt quelconque et une autre qui apporte du contenu qualitatif mais n’identifie pas la source réelle de l’information.

L’information est truquée

Le bilan de la manœuvre est double :

  • on berne l’internaute en diffusant un contenu qu’il ne pourra pas tracer s’il ne lit pas tout ;
  • on empêche l’auteur de l’information de contrôler sa diffusion et, surtout, de pouvoir réaliser l’impact que ce contenu a sur le web.

L’information en est, par la même, truquée car tronquée. On ne peut pas vérifier la véracité d’un contenu ni savoir qui a produit ce contenu en premier.

Je pense que ce genre de pratique est dommageable pour tous. Je le répète, je n’ai pas la vérité absolue mais, si j’en juge par d’autres blogueurs comme Presse-Citron et son passage sur le sourcing, j’ai un avis qui rejoint le sien.

Alors, course à la popularité sur le web, intérêt du gain AdSense, le fait est que tout le monde veut sa part du gâteau et beaucoup trichent avec la marchandise. Ce qui serait bien, dans ta ligne éditoriale, ce serait de dire si ton site est un blog à valeur ajoutée ou un simple agrégateur nouvelle version qui liste seulement des contenus intéressants.

Contenu automatique et Tumblr, la mort du blogging ?

C’est la question que je me pose. Pourquoi continuer à bloguer selon une déontologie moraliste si, de toute façon, d’autres plateformes beaucoup plus fréquentées et citées continuent de dilapider l’information ?