Le Centre du Monde au Béarn ? Laàs tomber !
Aujourd’hui, c’est la fin du monde mais pas ici, au Centre du Monde. Mais, d’ailleurs, il est où ce centre de la Terre ?
Béarn ou Pays Basque, mon cœur balance
Avec toute chose, je tiens à dire que mon avis n’engage que moi et n’est pas vraiment objectif :)
D’une, je suis béarnais quasi de naissance avec 25+ ans passés en Béarn, à Gelos vraie patrie de Mike Parisi ou Tony Estanguet (avant que Pau ne s’approprie les talents). J’ai même vu les premières éditions d’Hestiv’Oc, c’est pour dire !
De deux, je suis exilé en Pays Basque depuis 2 ans et travaille avec plusieurs entreprises locales.
Bref, l’histoire du Centre du Monde a commencé au pôle Invest Basque Country avec une vidéo buzz tournée en plein stade Aguiléra. La suite a été plus orientée business pour finir par un 3ème et dernier épisode futuriste avec, en guest star, un animateur du Mardi CCI eBusiness, pêcheur avant tout.
Quand j’ai vu, par le biais de ma veille en e-réputation et grâce à l’amie Marionnette, que Laàs se réappropriait l’histoire, je me suis interrogé sur l’intelligence de la chose et, surtout, sur ce que cela entrainerait comme répercussions. En effet, j’ai participé à la campagne du Centre du Monde par le biais de mon agence web.
J’en suis arrivé à une conclusion : cette reprise comique est faite avec cœur mais dénature l’objectif initial et nuit à l’idée originale et sa crédibilité.
Sinon, je m’insurge gentiment hein, merci de ne pas troller.
L’idée est basco-espagnole
Resituons les faits. L’idée d’origine ne vient ni de la CCI de Bayonne ni du pôle Invest mais de Pixel-e, une agence de production basco-espagnole. Ce n’est pas la fin du monde si tous – Béarn, agence Nutella ou autre – s’approprient la paternité du bébé mais rendons à César ce qui appartient à Pixel.
Une Centre du Monde territorial
L’autre chose qui me chagrine pour l’histoire béarnaise est que Laàs veut devenir le Centre du Monde.
Je n’ai rien contre le village mais, dans l’affaire, on perd l’impact pour le Béarn.
Oui, à l’origine, le buzz pose le Pays Basque comme pierre angulaire du monde, ni Bayonne ou Saint-Jean-de-Luz.
Là, on voit que Laàs cherche à s’approprier le monde sans en faire profiter son terroir béarnais. A mon sens, c’est juste un coup de publicité sans réelle considération pour le territoire, bien dommage car, du coup, cela rentre dans la dynamique #PersonalBranling.
Une communication économique
Derrière ce buzz initial, l’aspect essentiel de cette communication décalée et ironique reste business. La démonstration vise à montrer une partie du Pays Basque tout en insistant sur le tissu économique porteur.
Du coup, la reprise béarnaise souffre d’incohérences. Est-ce que Laàs aurait des zones d’activité industrielle ou des pépinières d’entreprise ? Si je ne m’abuse, non.
De même, la parodie va jusqu’à créer un site invest-laas à l’instar du site invest-basquecountry. Quel est l’intérêt réel ?
Dans l’histoire basque, le site sert de support de communication, de « backbone ». On diffuse par les médias pour envoyer sur le site et convertir. Je le répète, l’intérêt est business.
Là, avec un nouvel invest- (sans mentions légales, avec une redirection sur le NDD inutile et avec une installation WordPress qui fait débutant – /wp/), c’est l’ensemble qui est décrédibilisé, tout simplement, d’autant que le nouvel invest- ne se dote pas d’un intérêt économique réel.
Une visibilité en Chine
Les 3 vidéos initiales ont été sous-titrées en anglais. En effet, force est de constater que cette langue demeure la plus parlée et utilisée pour les échanges économiques.
Pourquoi, de ce fait, sous-titrer en chinois ?
La Chine est une cible de choix pour Invest Basque Country mais Laàs n’a pas compris le principe.
Les vidéos sont diffusées sur YouTube et Facebook or, en Chine, ces médiums sociaux sont bridés. Donc, pour que l’ensemble soit accessible au pays du soleil levant, sous-titre les vidéos ne sert à rien puisque, de toute façon, elles ne seront pas accessibles là-bas.
Et oui. Le chinois, c’est classe mais ne pas savoir la réalité d’un pays, cela fait tâche :)
Un soutien Sud-Ouest primordial
Derrière cet épisode, je retiens une dernière chose.
Quand l’histoire basque cherchait des échos dans la presse, ce fut l’échec. Peu ont voulu voir dans le Centre du Monde autre chose qu’une gigantesque bêtise vantant l’orgueil d’un territoire.
Pire, quand on en parlait, notamment dans le Sud-Ouest via un superbe titre, la farce basque #JeuDeMotsInside, c’était pour :
- Descendre en flèche le concept ;
- Accentuer les clivages basco-béarnais ;
- Démontrer que le basque est orgueilleux et n’a rien d’autre à faire que de le montrer au monde entier ;
- Surfer sur la vague des problématiques actuelles locales (histoire de faire du buzz, de l’audience et du SEO facile) ;
- Parler politique et uniquement politique (toujours bien de sortir le troll) ;
- Chercher la petite bête dans les logos des partenaires qui l’étaient tous, partenaires.
Là, quand je vois l’article du Sud-Ouest sur Laàs, c’est juste navrant car c’est, à l’inverse des publications sur l’aventure basque, du caviar pour le Béarn malgré des erreurs de communication et d’orientation démontrées précédemment.
Le journaliste ne reproche rien cette fois à Laàs, ni son appropriation d’un concept, ni les histoires politiques, ni l’utilisation frauduleuse de logos, ni le contre-pied léger…
On est sur la contemplation et l’extase et, bien malgré moi, je suis déçu de cette preuve avérée de subjectivité, cher M. Sanchez.
Un Béarn qui touche
Même si Laàs en fait trop et ombrage le territoire béarnais, j’avoue que cette fausse suite est marrante. La conception artisanale apporte un côté plus décalé, le fameux béarnais chantant est touchant de sincérité.
Bref, on est loin de l’univers économique et cet épisode non officiel fait plus figure de parodie humoristique et locale.
La forme sent bon le terroir et l’humour béarnais, c’est plus le fond qui me chagrine.
Si j’ai des conseils à donner pour quelqu’un qui veut récupérer un buzz et sans vouloir faire ma double vache, ce serait de :
- Ne pas démonter l’histoire originale car on la décrédibilise, surtout quand elle a, comme ici, un intérêt autre que buzz ;
- Ajouter une plus value notable qui permette de comprendre l’utilisation du support déjà réalisé et donne de l’impact à l’histoire remodelée ;
- Ne jamais faire de copier-coller (diffusion pour les chinois, site invest…) qui prouve un total manque de maturité et de créativité.
- Réaliser un vrai contre-pied, quelque chose de différent qui se sert de la même base, pas un scénario paradoxal où, d’un côté, on parle de 60 kilomètres oubliés et, de l’autre, d’un chœur béarnais qui modifie le centre du monde.
L’aventure, a été marrante à vivre au quotidien. Tous les vrais locaux savent que le conflit basco-béarnais n’est que dans la tête des journalistes.
Alors, pour finir, je dirais que :
- Non, il n’y aura pas de réponse du berger à la bergère car ma réponse dans ce billet est non officielle et je n’aime pas donner du grain à moudre aux journalistes médiocres ;
- Oui, l’aventure continuera très prochainement mais c’est un secret…
Si le Centre du Monde ne migre pas encore car 21 décembre 2012 :)
Bon allez, je suis en vacances alors à très vite. Joyeuses fêtes de fin du monde d’année et carpe diem !